LA CARAPACE

AUTISTE...? ARTISTE...?

 

Sophie est une jeune collégienne à qui on a mis plusieurs étiquettes dont celle d’autiste. Sa maman m’a sollicitée pour l’accompagner car Sophie adore dessiner, c’est une artiste. Quel fut mon étonnement quand je suis entrée dans la chambre de la jeune fille : les murs étaient tapissés de « Tortues-ninja ». Ce n’était pas l’idée que je me faisais d’une artiste mais je suis restée dans l’observation, sans juger.

 

Lors de notre séance individuelle, le contact avec Sophie se passe bien car je me connecte avec ma douceur intérieure. La confiance qu’elle me porte étonne sa mère. Je lui propose des idées de dessins mais Sophie préfère dessiner ce qu’elle veut, peu importe. Une nouvelle « Tortue-ninja » voit le jour. J’essaye de faire des simples liens : tortue, carapace, masque… protection ! Je comprends que Sophie a besoin de protéger son corps pour rester en vie, c’est comme si elle se sentait tout le temps en danger. Pour cette première séance, il est trop tôt pour lui proposer de lâcher la carapace. Je l’invite donc à commencer par incarner son personnage en dessinant un sol aimant prêt à l’accueillir. Sophie a pour habitude d’utiliser les pastels secs avec intensité et force. Pour réaliser la terre, je l’ai conseillée de mettre de la douceur dans ses gestes en caressant la feuille. Cela l’a beaucoup apaisé. Elle a voulu dessiner 4 fleurs qui pourraient représenter les 4 autres membres de sa famille.

 

Suite à cette séance, j’ai demandé à sa mère si il avait eu quelque chose de spécial pendant sa grossesse. Elle m’a dit que tout s’était bien passé puis elle s’est brusquement arrêter de parler… Une émotion est remontée à la surface : à 7 mois de grossesse la maman avait eu un grave accident de voiture. Si nous faisons des liens, nous pouvons penser que le bébé a pu ressentir un danger venant de l’extérieur lorsqu’elle était dans le ventre de sa mère. Cet événement a pu être traumatisant pour Sophie. Heureusement, nous savons aujourd’hui que rien n’est irréparable. En mettant en place un dialogue entre la mère et la fille et en accompagnant Sophie grâce aux dessins, Sophie pourra lâcher les protections et retrouver confiance en elle et dans le monde extérieur. Peu à peu elle reprendra sa place au sein de sa famille et se sentira en sécurité au milieu des autres.

Dans une des séances qui suivirent, les 2 sœurs de Sophie ont dessiné à ses côtés. Les fillettes ont remarqué le talent artistique de leur grande sœur, elles étaient émerveillées par ses dessins. Sophie n’était plus celle qui était différente des autres et celle qui avait besoin d’être aidé. Elle s’est sentie valorisée et a retrouvé sa juste place au sein de sa famille : elle a pris sa position d’ainée.